L'ARNICA la FLEUR DE JUIN

29/05/2013 03:22

L'Arnica en France

« Quand un homme et une femme sont amoureux, si quelqu'un étale de l'arnica sur la peau d'une de ces personnes, quand l'arnica a séché ils deviennent éperdus d'amour, jusqu'à en perdre la raison."


C'est ainsi qu'au Moyen-Age Hildegarde de Bingen décrivait les propriétés de l'Arnica... Depuis, on a un peu oublié l'usage amoureux au profit des bleus et des bosses ! Mais si on veut transmettre ce patrimoine à nos lointains descendants, il va falloir le protéger.

Arnica montana
Nom commun : Arnica

L'étymologie du nom Arnica viendrait d'une altération de ptarmika, du grec ptarmiké, "qui fait éternuer". D'où une de ses appellations populaires "herbe à éternuer". L'Arnica a de nombreux autres noms : l'herbe aux chamois (qui ne mangent l'Arnica qu'en cas de besoin, pour se soigner), la montagnarde qui guérit, la fleur de la Saint-Jean (à ne pas confondre avec l'herbe de la Saint-Jean, une autre espèce), la fleur des anges, le tabac des Vosges, le tabac des savoyards, etc.
 

Grâce à ses racines, l'Arnica peut survivre dans un cadre hostile en terrain montagneux, et faire face à la concurrence des autres plantes en bordure des marais de basse altitude.

L'Arnica est une fleur estivale, qui s'épanouit aux alentours de la Saint Jean (solstice d'été) et que l'on peut trouver jusqu'en août, pour les floraisons tardives.
Elle pousse en terrain acide, avec un pH compris entre 5 et 5,5. Elle a besoin d'un terrain incliné d'au moins 3°, qui prévient l'humidité stagnante trop acidifiante et garantit l'écoulement satisfaisant de l'eau.
L'Arnica montana pousse entre 600 et 1200m d'altitude, dans les prairies, les pâturages, les pelouses maigres siliceuses, les bois clairs, les lisières forestières.
On la rencontre dans toutes les régions montagneuses d'Europe médiane, sa limite Nord étant le Sud de la Suède et sa limite Sud le Nord de l’Espagne. En France, on la trouve surtout à l'étage subalpin, dans les montagnes de l'est (Vosges, où le sol granitique lui est particulièrement favorable, Alpes, et beaucoup plus rarement Jura), du centre (Morvan, Plateau central, Cévennes) et dans les Pyrénées centrales. Parfois, elle descend à plus basse altitude (sous-espèce atlantica Bolos) en Orléanais, dans le Berry ou les Landes, mais elle est alors très localisée.
Une autre espèce d'Arnica est cultivée en Europe pour ses propriétés médicinales : il s'agit d’Arnica chamissonis. Si celle-ci, originaire d'Amérique du Nord, est plus aisée à cultiver et plus productive, elle n'a pas les mêmes propriétés biochimiques ni la même concentration en principes actifs que l'Arnica montana. Sous la terre comme en surface, ce sont les conditions difficiles dans lesquelles pousse l'Arnica qui lui donne ses fabuleuses propriétés de guérison, et qui permettent un grand nombre d'usages. 

Ses usages

En France, nous connaissons l'Arnica surtout pour son action contre les ecchymoses. Mais cette plante, considérée par les spécialistes comme la vulnéraire par excellence, c'est-à-dire "celle qui guérit", a bien d'autres qualités !

Les scientifiques ont isolé dans ses pétales des dizaines de substances actives, dont des flavonoïdes et des lactones sesquiterpéniques. Celles-ci expliquent ses propriétés antalgiques, anti-inflammatoires, cicatrisantes et circulatoires.
Avant ces "preuves scientifiques" de son efficacité, que savait-on de l'Arnica de manière "empirique"? Et maintenant, comment est-elle récoltée puis préparée, et quels sont ses usages ? Enfin, quelle est l'explication énergétique de ses qualités ?

L'or des montagnes a-t-il révélé tous ses secrets ?

Connue des Grecs de l'Antiquité (et probablement bien avant !), c'est au Moyen-âge que les écrits témoignant de ses usages se précisent. Dans la médecine populaire médiévale, l'Arnica paraît être utilisée pour les douleurs menstruelles et comme agent abortif. Ce sont les usages gynécologiques qui sont soulignés, il n’y a pas encore de preuve que la plante ait été utilisée pour soigner les blessures externes. L'Arnica n’était pas seulement employée comme plante médicinale mais aussi pour préparer des philtres d'amour. Dans beaucoup de régions, elle passait pour aphrodisiaque. "Quand un homme et une femme sont amoureux, si quelqu'un étale de l'Arnica sur la peau d'une de ces personnes, quand l'Arnica a séché ils deviennent éperdus d'amour, jusqu'à en perdre la raison." écrivait Hildegarde de Bingen au Moyen-âge. L'Arnica a donc une action sur les nerfs!

C'est au XVIIIe siècle que l'Arnica joue un rôle de premier rang, en tant que remède contre les blessures, et est le sujet de nombreuses thèses de médecine scientifique, discipline alors en plein essor. L'Arnica fait partie des plantes qui ont influencé de façon décisive Samuel Hahnemann, le fondateur de l'homéopathie, et son utilisation des remèdes à doses infinitésimales.
Au début du XIXe siècle, Goethe a également examiné avec attention l'Arnica Montana et a reçu une prescription d'infusion d'Arnica contre son infarctus en 1823, ce qui aurait amélioré de façon notoire son état. Un de ses amis rapporte ces paroles : "Rajeuni par la convalescence, je chante les louanges de l'Arnica, et c'est elle-même qui se loue par ma voix, elle, la nature inépuisable qui enfante cette fleur et apporte la guérison ", ou encore "Je sentais que la vie et la mort commençaient à se combattre en moi, et voici que les cohortes de la vie, avec cette fleur sur leur bannière, ont remporté leur victoire."
Dès lors, la popularité de l'Arnica est grandissante, et aujourd'hui elle constitue un médicament de base de la pharmacie familiale, en usage interne ou externe.

Elle est récoltée de mi-juin (en basse altitude) à mi-juillet, les jours sans pluie. La fleur ou la plante entière servent aux préparations à base d'Arnica. En France, on estime le volume total des récoltes annuelles à une quinzaine de tonnes pour la plante entière, et 2 à 3 tonnes pour la fleur. 

De nos jours, l'Arnica Montana est utilisée principalement afin de soigner les ecchymoses (les "bleus"), en usage externe avec soit une compresse de teinture mère diluée dans de l'eau soit de la pommade ou du gel, et/ou en usage interne avec des médicaments homéopathiques en basse dilution, 9 CH par exemple

Les montagnards préparent parfois leur propre teinture-mère en faisant macérer des fleurs d'Arnica fraîches et broyées entre les doigts dans de l'alcool local ! De même, en cas de besoin urgent, il est possible de faire infuser des fleurs fraîches ou séchées (une cuillère à café par tasse d'eau bouillante). Après filtrage, le liquide permettra de réaliser une compresse

Ses propriétés antalgiques, anti-inflammatoires et circulatoires permettent aussi de l’utiliser sur des traumatismes sans plaie ouverte, que ce soit des fractures, des entorses ou de l'arthrose. Les usages externes (teinture-mère et pommade) et internes (homéopathie basse dilution) sont les mêmes. Les sportifs connaissent bien l'Arnica !

En usage externe, toujours avec de la teinture-mère ou des pommades, l'Arnica est réputée efficace sur les piqûres d'insectes. Si la fleur est à proximité, la broyer sous les doigts pour libérer les substances actives et en frotter la piqûre. Apparemment cela fonctionne très bien !

En usage interne, l'Arnica est aussi donnée avant et après les interventions chirurgicales pour éviter les phénomènes hémorragiques et le choc opératoire, la douleur de l'intervention. Cela marche aussi pour les visites chez le dentiste, et les extractions dentaires : une dose en 9CH la veille de l'intervention, le jour-même, et après jusqu'à l'amélioration. De la même manière, l'Arnica a prouvé son efficacité lors des accouchements, en diminuant là encore hémorragies et douleurs. La recommandation : un mois avant la date prévue, prendre une dose par semaine en 9 CH, jusqu'à l'accouchement.
Voilà déjà ce que peut accomplir l'Arnica pour le corps physique !

Mais ses bienfaits ne sont pas limités à ce champ d'action.

Elle soigne aussi les "bleus à l'âme"...
Il a été suggéré qu'en haute dilution (30 CH), l'Arnica avait une action remarquable sur les traumatismes de nature beaucoup plus subtile, comme les traumatismes psychoaffectifs, les chocs moraux (séparation, deuil,...) surtout s'il y a eu également un choc physique associé. Toujours en haute dilution, l'Arnica aide à soigner l'épuisement nerveux, la fatigue intellectuelle, le sentiment de ne plus pouvoir faire face.
Une autre recette traditionnelle consistait, en cas de stress, avant un examen ou une échéance importante, à manger un morceau de sucre sur lequel avaient été déposées quelques gouttes d'alcool d'Arnica. Cette recette conviendrait même aux enfants !

Voici donc la préconisation pour la pharmacie familiale : avoir toujours de la teinture d'Arnica ou un gel à l'Arnica, des granules entre 5 et 9 CH pour les traumatismes physiques (doses ou tube), et, en haute dilution, des granules en 30 CH quand on a subi un choc moral ou affectif.

Une mise en garde toutefois est avancée par ses utilisateurs et prescripteurs : comme toutes les plantes médicinales puissantes, elle peut être toxique à haute dose. Son action curative ou toxique dépend dans une large mesure du dosage. Ainsi, une tisane d'Arnica peut donner du tonus occasionnellement, mais prise trop souvent elle peut être dommageable pour les nerfs, provoquer des nausées et des palpitations cardiaques. Pour ce qui est de l'usage interne, si vous n'avez pas une bonne connaissance de la plante, il est donc recommandé de se limiter à l'homéopathie et de se référer à un médecin spécialiste ! Pour l'homéopathie, un médecin homéopathe spécialisé pourra également affiner le diagnostic et vous permettre d'optimiser l'usage de l'Arnica. 

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Que l'on considère le point de vue scientifique ou énergétique, il est indéniable que l'Arnica offre aux hommes ses nombreuses propriétés médicinales, depuis longtemps reconnues.

Plante solaire, plante lumière, elle est tout à fait complémentaire de la médecine classique lorsque celle-ci est nécessaire. Remède de base dans nos pharmacopées, il serait dommage que l'on fasse disparaître cette plante, nous privant nous-mêmes de ses fabuleuses propriétés !

(sources : enquête de terrain juin à septembre 2009 ; Arnica, de Christina Kiehs-Glos ; L’homme et les plantes médicinales, Wilhelm Pelikan)